Destruction du Liban suite à un bombardement israélien

Israël, outil de colonisation du Proche-Orient

Par Ahmed Sulaiman Al-Amri, écrivain jordanien

Alors que certains s’étonnent de la passivité des pays occidentaux face aux massacres perpétrés actuellement par Israël à Gaza et au Liban, cet article publié dans le quotidien Al-Quds Al-Arabi soutient l’idée que l’Etat hébreu n’est depuis sa création qu’un outil aux mains des puissances occidentales.

Le Moyen-Orient connaît des tensions constantes, alimentées par Israël, qui depuis sa création est un outil aux mains des puissances occidentales pour renforcer le colonialisme dans la région. Ce rôle d’Israël ne date pas d’aujourd’hui : il s’inscrit dans un plan colonial occidental qui a commencé dès la création de cet Etat afin de contrôler le cœur du monde arabe. Les événements actuels ne peuvent donc pas être séparés d’une longue histoire d’interventions et de politiques coloniales imposées par l’Occident, car Israël fait toujours partie de ce projet. Ce néocolonialisme était évident dans la période qui a suivi la fin de l’ère coloniale britannique en Palestine, puisque l’État d’Israël a été créé le 15 mai 1948, un jour après la fin du mandat de la Grande-Bretagne.
Le colonialisme s’est poursuivi sous de nouvelles formes : le projet sioniste ayant servi de prétexte pour établir la présence d’un État colonial au cœur du monde arabe. L’Occident, plus exactement l’Europe, s’est servi d’Israël comme d’un outil pour défendre ses intérêts, exploitant l’impuissance arabe et les projets du mouvement sioniste pour contrôler et étendre son influence de manière continue. La Conférence sioniste tenue par Theodor Herzl le 29 août 1897 à Bâle, en Suisse, fut le début de la mise en œuvre de ce projet colonial : il était clair qu’Israël n’était pas seulement un nouvel État, créé par une résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 29 novembre 1947 et soutenue par les États-Unis, il s’agissait en fait d’un outil pour remplir les objectifs des puissances coloniales.
Ceci met en évidence la persistance du néocolonialisme qui combine puissance militaire et contrôle économique, renforçant ainsi la position d’Israël en tant que défenseur des intérêts des puissances occidentales.

Les politiciens israéliens extrémistes, tels que Benjamin Netanyahu, ont été incapables d’établir une paix durable dans la région. Le soutien inconditionnel des Américains et Européens ainsi que la pression des lobbies juifs sur l’administration américaine ont poussé ces politiciens à agir avec arrogance, ignorant les nombreuses initiatives de paix arabes et américaines, telles que la proposition de cessez-le-feu de Biden à Gaza, qui était à l’origine une proposition israélienne abandonné ensuite par Netanyahou, mettant Biden dans l’embarras.
Le gouvernement israélien a snobé l’administration Biden, ce qui a nui à la crédibilité de la politique américaine dans la région. Cette politique insolente démontre à quel point Israël ignore les négociations et la paix. De plus, Israël est devenu un bouclier qui protège les intérêts occidentaux au Moyen-Orient, ce que Netanyahu a déclaré publiquement dans son discours devant le Congrès américain : « La victoire d’Israël sera une victoire pour les États-Unis. Nous ne nous protégeons pas seulement nous-mêmes. Nous vous protégeons, nos ennemis sont vos ennemis, notre combat est votre combat ».
De nombreux analystes politiques soulignent que la violence exercée par Netanyahu et son gouvernement extrémiste conduiront à l’effondrement de l’État israélien lui-même, car la poursuite de sa politique militaire et de l’occupation ne fera que conduire à la création d’une nouvelle génération de résistants, plus féroce et plus tenace. La guerre d’extermination israélienne a laissé derrière elle toute une génération qui grandira sans parents, témoin des plus horribles formes de massacres et d’abus. Elle a aussi aggravé les divisions au sein de la société israélienne, suite aux échecs militaires dans la bande de Gaza et aujourd’hui au Liban. Le Premier ministre israélien a présenté cette guerre comme victorieuse suite à l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas, puis des dirigeants du Hezbollah, dont le secrétaire général du parti Hassan Nasrallah, avant que la rue israélienne soit terrifiée il y a quelques jours par les missiles balistiques iraniens. La victoire d’hier se transformant en une défaite retentissante.
Israël est confronté à une crise profonde résultant d’une série de défis politiques et économiques qui menacent sa stabilité. Un de ces plus importants défis sont les crises militaires en cours dans la bande de Gaza et au Liban, qui ont entraîné une augmentation de 30 % du coût des opérations militaires, un impact négatif sur l’économie et une augmentation de la dette publique, qui a atteint 80 % du produit intérieur brut selon les analyses de la Banque d’Israël.

Oren Hazan, ancien vice-président de la Knesset, souligne que « les opérations militaires répétées pèsent sur l’économie israélienne et contribuent à l’érosion de la confiance en la capacité du gouvernement à gérer les crises ». Les menaces iraniennes se sont également accrues, avec le lancement de centaines de missiles balistiques, qui a contraint le gouvernement à rvoir à la hausse ses dépenses militaires ayant déjà augmenté de 15 % ces dernières années, et à élargir sa coopération en matière sécuritaire avec les États-Unis.
Ces menaces nécessitent une reconsidération des défenses, avec le renforcement de programmes tels que le Dôme de fer, qui ont coûté à l’État environ deux milliards de dollars. L’expert en sécurité Ron Ben Yishai souligne que « l’Iran joue un rôle central dans la déstabilisation, ce qui nécessite une réévaluation des priorités financières ». Sans compter les pressions sociales et économiques, telles que l’augmentation du coût de la vie de 20 %, le chômage qui atteint 6,3 % et le taux de pauvreté qui atteint 22 % selon les rapports de l’Institut d’assurance nationale israélien, qui accroissent les divisions sociales et le mécontentement, tout en menaçant la paix sociale. Ces facteurs se combinent pour former un environnement complexe qui pourrait conduire à l’effondrement de l’État d’Israël suite aux défis politiques et économiques, ainsi qu’aux affrontements militaires qui ont lieu à la frontière libanaise entre le Hezbollah et l’armée israélienne.


La situation actuelle prouve que le gouvernement Netanyahou utilise l’escalade militaire pour dissimuler son échec. Les événements récents ont montré que la poursuite des opérations militaires n’a donné que des victoires apparentes et trompeuses, que Netanyahou cherche à faire avaler. La situation épineuse sur le terrain en témoigne, avec l’augmentation des violations des droits de l’homme dans le Nord de la Cisjordanie en particulier, dont le dernier massacre au cours duquel l’armée d’occupation a utilisé des avions de combat pour bombarder le camp de Tulkarem, entraînant la mort de 18 Palestiniens, dont des enfants, et des dizaines de blessés. Ce raid est le premier du genre en Cisjordanie depuis la deuxième Intifada en 2000. Sans oublier la destruction d’infrastructures dans les villes du Nord de la Palestine comme Tulkarem. Naplouse et Jénine, où l’armée israélienne a détruit les conduits d’eau et d’électricité ainsi que rasé les rues au bulldozer, privant les habitants de leurs moyens de subsistance.
Depuis la signature des Accords d’Oslo en 1993, en passant par l’Initiative de paix arabe du 28 mars 2002, aucun plan de paix n’a été mis en œuvre, ce qui a engendré de grandes déceptions aux niveaux arabe et palestinien. Alors que les pays arabes cherchaient à parvenir à une paix globale, Israël n’a proposé aucune initiative de paix mais a poursuivi sa politique basée sur le jusqu’au-boutisme, l’occupation, les assassinats et le développement des colonies.
Dans ce contexte, on peut dire que la situation est devenue plus complexe : Israël augmente ses menaces de déplacement volontaire et ses pressions sur les Palestiniens par le biais d’abus qui se multiplient en l’absence de tout horizon, de passivité des Nations Unies, et d’absence de la communauté internationale. Pendant la guerre d’extermination à Gaza, les violations israéliennes en Cisjordanie ont augmenté : le nombre de colonies est monté en flèche, ce qui a accru les saisies de terres et les déplacements de Palestiniens. Au lieu d’avancer vers la paix, Israël a utilisé ces accords pour prolonger son occupation et imposer une politique de fait accompli, ignorant toutes les demandes arabes et palestiniennes, les résolutions de l’ONU et la Cour internationale de Justice.
De même, les violations des lieux saints musulmans se poursuivent, comme la mosquée d’Abraham à Hébron et la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, dans lesquels pénètrent régulièrement des colons pour y tenir des prières talmudiques, en l’absence de toute action sérieuse de la Ligue arabe, de l’Organisation de la coopération islamique ou de la communauté internationale.

Bien que 148 pays aient accepté la création d’un État palestinien sur les 193 composant l’Assemblée générale des Nations Unies, Israël, sous la direction de Netanyahu et de son gouvernement extrémiste, rejette catégoriquement l’idée d’un État palestinien. Ceci reflète son intention claire de perpétuer l’occupation et de poursuivre ses politiques de colonisation afin de changer la réalité démographique et effacer l’identité palestinienne.
La poursuite de ces violations et la politique de défiance adoptée par Netanyahu et son gouvernement avec le soutien américain et occidental mettent en évidence son rôle dans la marginalisation des décisions des Nations Unies et de la Cour internationale appelant à mettre fin à l’occupation et à établir un État palestinien indépendant et souverain dans les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a une fois de plus eu recours à la Torah pour justifier et expliquer l’agression lancée par Israël contre la Palestine, le Liban, ainsi que le Yémen et la Syrie de temps à autres, menaçant de changer la donne dans la région. Il a déclaré : « Comme il est écrit dans la Torah, je poursuivrai mes ennemis et les éliminerai (…) Nous travaillons méthodiquement à assassiner les dirigeants du Hezbollah et à changer la réalité stratégique dans tout le Moyen-Orient ».
Ces derniers jours, Israël a été témoin d’une escalade et d’un élargissement de la guerre, qui ont fini par l’invasion terrestre et les raids aériens continus sur le Liban. Ils ont été suivis par la douloureuse réponse iranienne à l’assassinat d’Ismail Haniyeh, qui laisse entrevoir la possibilité d’une guerre régionale pouvant enflammer la région.
La poursuite des politiques extrémistes israéliennes, soutenues par les États-Unis et les pays européens, menace non seulement l’existence des Palestiniens et des pays de la région, mais met également en danger l’avenir d’Israël et le met au bord de l’effondrement, alors qu’il ne répond pas aux exigences d’une paix juste et méprise de manière persistante les droits des Palestiniens.
L’Amérique et les pays occidentaux qui soutiennent Israël sans condition le conduisent en fait à sa perte. Aux côtés des Palestiniens qui souffrent sous l’occupation et des Libanais touchés par les attaques israéliennes, les Israéliens vivent en état de guerre et servent de boucliers humains à l’Amérique et l’Europe pour leurs projets coloniaux et le maintien de leur hégémonie dans la région. A la différence près que c’est Israël qui oppresse et extermine.
Dans ce contexte, la communauté internationale doit comprendre que la poursuite de ces politiques entraînera davantage de divisions et de violences menaçant la stabilité de l’ensemble de la région.
Prendre des mesures sérieuses en faveur d’une paix juste et durable est la seule option pour garantir un avenir meilleur pour tous, mais l’Amérique, l’Occident et leur outil israélien en Palestine ont d’autres objectifs. Ils cherchent à déclencher des guerres qui pourraient détruire le Moyen-Orient.

Traduit de l’arabe par Sami Mebtoul

Lien vers l’article original : https://www.alquds.co.uk/%d8%a5%d8%b3%d8%b1%d8%a7%d8%a6%d9%8a%d9%84-%d9%88%d8%af%d9%88%d8%b1%d9%87%d8%a7-%d9%83%d9%85%d8%b3%d8%aa%d8%b9%d9%85%d8%b1-%d9%81%d9%8a-%d8%a7%d9%84%d8%b4%d8%b1%d9%82-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d9%88%d8%b3/

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